Aux temps gallo-romains

rfouillesfondations villa         Entre 1969 et 1976, les travaux de restructuration du centre de Cognin ont permis la mise au jour de vestiges de bâtiments d'habitation et de bâtiments agricoles dont l'existence, datée grâce aux pièces de monnaie et aux poteries, va du premier au quatrième siècle de notre ère. Les travaux de fouilles, dont les résultats ont été publiés dans la revue Archeologia n°103 de février 1977 et connus sous le nom de "villa romaine de Cognin", ont été menés par le club d'archéologie du lycée Vaugelas que dirigeait Jacques Pernon.
        Les fondations de la partie sud sont aujourd'hui visibles en contrebas de la rue de l'Epine. Le plan d'ensemble des fouilles qui comportent bien des lacunes, compte tenu qu'elles se situaient dans une zone habitée, permet d'affirmer qu'il y a eu deux constructions qui se sont superposées dans le temps, consécutivement à une destruction par incendie entre 260 et 280. La Gaule romaine est à cette époque ravagée par une première vague d'invasions dont les principaux protagonistes furent les Alamans. Côté nord, les restes d'un hypocauste (système de chauffage par le sol et les murs) ont été exhumés. Cependant, une étude récente de la cadastration introduit quelques doutes sur l'unité de l'ensemble. (voir article accessible par un lien en fin de chapitre).
         Au cours des fouilles, sur le quadrilatère de l'emprise des bâtiments (150 m x 120 m), 13 300 objets, la plupart sous forme de débris, ont été mis au jour. Parmi ceux-ci, soulignons la présence de nombreuses pièces de monnaie couvrant l'ensemble de la période d'occupation de la villa (d'un as de Nîmes de la période de Tibère à une monnaie de l'empereur Valentinien mort en 375) et d'autres objets métalliques (clous, clés, fibules).robjets Il faut mentionner la découverte d'un médaillon d'applique en bronze à l'effigie de Jupiter-Ammon du deuxième siècle, interprété comme une garniture de coffre ou une phalère, peut-être les deux, à la suite d'un possible réemploi. On a recueilli de nombreux fragments de poteries de diverses origines (communes, allobroges) parmi lesquelles se distinguent des poteries dites "sigillées" caractérisées par leur finesse et leur engobe rouge, originaires des ateliers de La Graufesenque et de Lezoux dans le Massif Central.
rplaque       Des moulages de ces objets peuvent être observés dans une vitrine du hall d'accueil de la mairie de Cognin et le médaillon est visible au musée savoisien à Chambéry.
      La continuité de l'utilisation du site au cours des siècles est avérée. Dans la période des grandes invasions ou le début de la période mérovingienne qui succède à la fin de l'Empire romain, l'hypocauste a été utilisé comme sépulture d'une jeune femme dont on a retrouvé le squelette ainsi qu'un élément vestimentaire : une plaque-boucle de ceinture avec un remarquable décor serpentiforme qui révèle une culture burgonde, confirmée par la forme du haut du crâne serré depuis l'enfance par un bandeau.
       Le site de la "villa gallo-romaine" a subi bien des bouleversements causés par les travaux agricoles et les reconstructions au cours des siècles. C'est le témoin d'un habitat, sans doute pas le seul, à proximité de cette voie impériale qui, de Lemenc à Aoste, passait par le col que l'on appellera "de Saint Michel" dans la traversée de la montagne de l'Epine et à proximité du carrefour avec la voie menant au col du chat.
     Mais déjà, les communications à longue distance existaient déjà à un stade déjà élaboré. L'existence de tours à signaux le permettait. Ainsi, sur la montagne de l'Epine, près du col du Crucifix, une curieuse découverte vient conforter cette affirmation. Clin d’œil de l'Histoire mais aussi logique scientifique, cette tour à signaux se situait à quelques mètres d'un futur relais du télégraphe optique Chappe. A découvrir en cliquant sur ce lien.

 L'hypocauste.

hypocauste11 hypocauste    Ce système n'est pas sans rappeler l'actuelle utilisation des dalles chauffantes avec l'électricité en moins. Sous la "suspensura" (disparue) que supportent des pilettes en brique, de l'air chaud alimenté par un foyer que l'on peut voir au fond circule, provoquant une élévation des températures dans la pièce. Généralement elle est destinée à servir de salle de bain. La pièce possède 'un autre élément de confort : Grâce à des conduits creux, les "tubuli", la chaleur monte dans les murs. Les thermes, qu'ils soient publics ou privés, bénéficient de cet aménagement.    

Vestiges de construction et objets.

Cliquez sur les photos pour agrandir



Par ce lien vous avez accès aux photos des 12 objets de la villa exposés lors des journées du patrimoine de septembre 2016.

Et à l'extérieur du site de la "villa" ?

     avers et revers constantin Une pièce de monnaie près du canal à proximité de la chute numéro 5 du canal des usines, la friche Solidoro devenue le "Canal des Arts". L'effigie est celle de  qui admit la religion chrétienne dans l'Empire, se convertit et transféra la capitale de Rome à ... Byzance appelée dès lors Constantinople.

    Et si l'on se posait quelques questions...

        Depuis la publication des résultats des fouilles qui ont abouti à mettre en évidence "la villa romaine de Cognin", peu ou pratiquement pas de textes ont enrichi la connaissance des aspects de la romanité cogneraude. Et pourtant l'esprit curieux est amené à se poser quelques questions dans l'attente ou la consolidation de nouvelles découvertes ou la confirmation de certaines hypothèses : la villa était-elle le seul habitat dans ce territoire entre Hyères et Forézan et, dans cet habitat, les bâtiments étaient-ils dans une véritable solidarité économique, le parcellaire agricole était-il organisé, quelle importance avait la fonction de passage et de carrefour, et enfin, de quelle organisation politique locale dépendait ce petit morceau d'Empire ? Vous accèderez à partir de ce lien à des éléments de réponses à ces questions grâce à un article de Bernard Kaminski, membre du GREHC, qui a étudié dans le détail la topographie et la cadastration du territoire cogneraud et rassemblé, autour de la "villa romaine", différents éléments qui complètent ou remettent en question certaines connaissances. Du même auteur, un autre article permettra un élargissement des connaissances et des horizons sur les origines de notre province à travers l'étude d'un territoire connu sous le nom de Sapaudia, organisation défensive du Bas-Empire romain, accessible par le lien suivant.